vendredi 2 janvier 2009

Work in Progress 2


4h38. Il se trouvait devant l’entrée de l’aéroport JFK. La neige tombait abondamment, recouvrant de son manteau de pureté une humanité en péril. Il s’arrêta un instant pour humer une dernière fois ces vapeurs new-yorkaises si caractéristiques, savant dosage entre les gaz d’échappement et ces fabuleuses odeurs de cuisine ethnique que la ville aux mille cultures pouvait dégager. Sa deuxième naissance impromptue lui faisait apprécier chaque petit bonheur éphémère. Une fois ses narines gorgées, muni de son billet, il se dirigea vers le terminal d’embarquement où une hôtesse métissée l’accueillit d’un ton chaleureusement fatigué.

« Bonjour Monsieur. Embarquement immédiat pour Singapour ?

- Oui. Une personne et pas de bagage soute.

- Voici votre carte d’embarquement Monsieur…

- Astier. Richard Astier. »

Elle le dévisagea d’un sourire en coin qui l’interpella.

« Qu’y a-t-il ? On se connaît ?

- C’est possible.

- Vous devez faire erreur. Je me souviendrais de ce sourire aussi enjôleur qu’une matinée ensoleillée ! lui répondit-t-il d’une voix assurée couvrant parfaitement son embarras.

- Mais sous un autre nom… »

Le sang d’Alexandre se glaça. Il regarda furtivement autour de lui pour repérer les points de fuite. Il était tôt, le dispositif de sécurité était encore perfectible.

« Bon voyage Monsieur ASTIER », lui adressa-t-elle avec un clin d’œil en insistant sur son nom. Puis, se penchant discrètement vers lui, elle lui glissa à l’oreille « Amina vous attend, vous avez une place à côté d’elle. »

Surpris, il articula un merci hésitant et alla se présenter à la fouille côté hommes, devenue obligatoire et quasi intégrale depuis le deuxième attentat aérien de 2011.

Cette hôtesse avait réussi à le rendre nerveux, lui donnant l’impression que chaque employé de l’aéroport était susceptible de le reconnaître. Il n’avait qu’une seule hâte, retrouver Amina pour enfin évacuer ce trafic de questions qui embouteillait sa tête. L’agent en charge de la fouille, sûrement blasé de devoir scruter des hommes en slips, caleçons ou boxers à longueur de journée ne sembla pourtant pas lui porter plus d’attention qu’aux autres.

Arrivé à l’entrée du tunnel d’embarquement, après avoir visité l’endroit à la fois le plus insolite et le plus commun au monde, il jeta un coup d’œil à l’avion. Ils faisaient partie de ses nombreuses passions. Les gens ignoraient à quel point le business des cieux était important dans la bonne marche de la planète. Les vaisseaux de la Singapour Airlines étaient réputés comme les plus rapides et les plus sûrs au monde. Il admirait leur statut d’unique compagnie en mesure de s’offrir le dernier A800 d’Airbus, seule grande entreprise européenne a avoir brillamment survécu à la crise grâce à sa guerre de pots de vins gagnée contre Boeing. Aujourd’hui, Alexandre devrait se contenter d’un A450, bien assez luxueux pour accompagner son aller simple vers l’inconnu. Pourquoi faire le difficile, le voyage lui était grassement offert ! Même si il ignorait exactement par qui, pour une fois que c’était dans ce sens, il n’allait pas faire la fine bouche.

Une hôtesse malayenne, visiblement originaire de Singapour, le pressa d’un ton agacé compensé par un sourire de façade typique :

« Monsieur, vous êtes le dernier passager. Nous vous attendons pour décoller ! Veuillez rejoindre votre place je vous prie.

- Tout de suite, mademoiselle, excusez ma négligence de vivre… »

Il pénétra dans la carlingue, accueilli par un commandant tout sourire également qui lui serra une poignée de main aussi forte que chaleureuse.

« Monsieur Astier, nous sommes très honorés de vous recevoir à bord et espérons que votre voyage sera aussi agréable que possible ! Nous vous avons réservé un onglet de Nouvelle Zélande pour le repas de midi, spécialement pour vous. J’espère que vous apprécierez !

- Mon dieu mais c’est le paradis ! Merci pour cette attention. répondit-il, élégamment en se courbant vers l’avant en signe de gratitude asiatique.

L’hôtesse voulut lui montrer le chemin jusqu’à sa place, ce qui lui rappela un vieux sketch d’un de ses comiques français favoris. Il lui fit signe que ce n’était pas nécessaire puis chercha de lui même la place 28A. L’avion était pratiquement vide. Qui pouvait se payer un billet pour Singapour de nos jours ? Seuls quelques hommes d’affaires d’origines très diverses qui le dévisageaient dangereusement peuplaient les sièges clairsemés. Après quelques mètres, il s’arrêta. Amina était là, ses cheveux noirs retenus par deux nattes, lui donnant un caractère indien irrésistible.28A. Il avait la place à côté du hublot mais surtout à côté de cette femme décidément fascinante.

« Rebonjour… avança-t-il d’un ton timide qui ne lui ressemblait pas.

Elle leva les yeux de son ordinateur portable sur lequel elle semblait extrêmement concentrée.. Ses yeux noirs s’éclairèrent :

- Ah Alexandre ! Enfin vous voilà ! J’allais m’inquiéter que mes hommes aient eu des problèmes à vous faire échapper, ce qui ne leur ressemble pas.

- Non, tout s’est très bien passé. Je ne vous remercierais jamais assez d’ailleurs pour tout ce que …

- Chut ! Asseyez vous. Je déteste les formules de politesse. Je vous ai dit que je vous aiderais à retrouver le meurtrier de votre femme, je tiendrais parole jusqu’au bout. C’est acquis et inutile de perdre votre temps en remerciements. D’accord ?

- Euh… Ok. »

Il se faufila entre ses jambes recroquevillées pour gagner sa place. Cette femme lui faisait décidément perdre tous ses moyens de business man fort et impitoyable. Mais reprenant ses esprits :

« C’est vous qui avez commandé les vêtements Diesel et l’onglet n’est-ce pas ?

Elle se détourna à nouveau de son ordinateur :

- Oui, c’est bien moi.

- Comment avez-vous su ?

- Alexandre, je dois impérativement finir cela avant le décollage. Je serais tout à vous après. Veuillez m’excuser ! Détendez-vous, après toutes ces émotions et celles qui vous attendent, vous en avez bien besoin…

Elle avait dit cela d’un regard si doux et d’une voix si enchanteresse que comme un serpent charmé par son fakir, son corps tout entier se détendit. Il apprécia le confort de son fauteuil en cuir, épousant parfaitement ses formes athlétiques.

Une voix se fit entendre dans le haut parleur :

« Mesdames et messieurs, ici votre commandant. Nous sommes parés au décollage. Merci de votre patience. Nous arriverons à Singapour vers 16h30. Température au sol, 26°C. Nous vous souhaitons un agréable voyage. »

Amina se tourna vers lui, un sourire malicieux aux lèvres :

« Oui j’ai fait décaler le vol d’une demi heure pour que vous ayez le temps de venir… D’où le merci de votre patience !

- Vous semblez avoir tous les pouvoirs, c’est impressionnant !

- Vous n’avez pas idée Alexandre ! Puis elle replongea son visage de déesse dans la lumière artificielle de son notebook.

L’avion commença à bouger pour rejoindre sa piste. Il regarda par le hublot. Les abords étaient recouverts de neige à perte de vue. Après quelques embardées, les moteurs vrombirent. Alexandre adorait cela, la puissance des décollages. Il se laissa emporter. Sa nouvelle vie venait de prendre son envol.


Happy New Year 2009 !

dimanche 14 décembre 2008

IUT

Qu'il fait bon retourner en ces lieux,
Fouler les cendres de nos jours précieux,
Quand nos esprits libres et adolescents,
Conjuguaient rêver à tous les temps.

L'herbe du terrain a quelque peu bruni,
Mais les ambitions de ses nouveaux occupants,
Restent les engrais les plus hardis,
Pour cultiver la sagesse de ces bâtiments.

J'entends encore les rires énergiques,
D'anciens compagnons devenus despotiques,
Mercenaires d'un état lubrique,
Qui leur a fait perdre leur belle éthique.

Qu'il est loin ce temps où l'on parlait révolution,
Changer la donne de ce monde de cons,
Où la quête pour l'argent est l'unique obsession,
Laissant l'humain sombrer dans un puits sans fond.

Thanks to C.

lundi 1 décembre 2008

Aux confins de la plaine


Cette nuit là j'ai plongé dans le noir,
Ce noir intense d'une profondeur astrale,
Que la nature dans un élan de perfection,
A cru bon de greffer sur ses cornées ovales.

Mes sens de mâle blasés par une vie,
A la luxure amoureuse trop établie,
Ont frissonné à la vue de cette créature,
Dont la jeune beauté illuminait les murs,

D'une ville perdue aux confins de la plaine.

Telle une princesse des temps modernes,
Elle m'embarqua dans son carrosse de cuir,
Filant à vive allure dans les campagnes en berne,
Que les autochtones en secret rêvent de fuir.

Mais à la vue des dragons de feu au fond de ses yeux,
Et malgré ses pas de Geisha ô combien raffinée,
Mon cœur de grande vertu ne s'est résolu à succomber,
A la puissance latine de son charme vénéneux.

dimanche 23 novembre 2008

The only good Placebo effect : "Without You I'm Nothing"

Onze heure du matin, un dimanche. « Pure Morning » me tire des draps cotonneux ou je purgeai mes excès de la veille. Cette fille a décidément bon goût. Dès le début, on sent que l’on a à faire à un album d’une autre classe. Cette ligne de guitare répétitive et évolutive, ce beat éléctro entêtant, ces paroles subtilement décadentes, tout est réuni pour un instant musical aussi pur que la neigeuse qui a traversé mes narines il n’y a pas si longtemps.

S’ensuit « Brick S(h)ithouse » où l’une des chansons punk les plus réussies de Placebo. Le rythme est rapide, saccadé, Molko déforme sa voix pour donner un côté encore plus agressif et pourtant la classe mélodique est là, l’emportant sur tout le reste. Ma partenaire me lance un sourire complice lorsqu’elle entend « When you cum you never make a single sound ». C’est clair, ça ne la concerne pas…

« You don’t care about us » prolonge le plaisir post punk avec une belle ligne de basse et une construction idéale déboulant sur un superbe refrain qui devient plus intense au fur et à mesure, tout comme le réveil que je suis en train de vivre.

Puis les choses se calment un peu sur « Ask for answers », du moins musicalement. Car émotionnellement, c’est à partir de là que l’album prend son envol pour ne plus jamais redescendre. Molko avait annoncé lors de sa sortie en 1998 qu’il avait été composé dans un état de délabrement sentimental total pour les trois membres du groupe et c’est vrai que l’on va peu à peu se laisser entraîner par la sombre magnificence de ce qui va passer dans nos oreilles. « These Bonds are shackle free ». L’image est dure, me rappelant pourquoi je suis ici, avec une fille de vingt ans plus perverse que jamais mais qui m’aura oublié dès demain pour s’éclater avec un autre business man friqué.

Vient le morceau titre. A le réentendre dix ans après, je me dis qu’il n’avait même pas besoin de l’aura et de la voix mystérieuse de Bowie avec qui le groupe l’a joué sur scène. Ces presque cinq minutes d’orgasme musical et émotionnel sont un point d’orgue dans la musique en général. Les paroles continuent de me filer ce sentiment de nausée que mes breuvages corsés d’hier soir n’expliquent pas complètement. Et malgré cette créature au physique aussi gothique et parfait que la chanson et ses efforts buccaux extrêmement flatteurs, je ne peux me permettre de penser à celle à qui je dirais bien « Without you I’m nothing » à ce moment précis.

Heureusement, Allergic (to thoughts of mother earth) et son énergie salvatrice grâce à un travail sur la disto de la guitare très poussé et un refrain aussi simple qu’accrocheur me remettent d’aplomb pour profiter de ce moment rock’n roll comme on en croise peu dans sa vie d’homme modèle. Rassasiée, elle me laisse seul.

The Crawl me fait replonger dans la rêverie sentimentale. Petite sœur de Ask For Answers, la chanson semble irréelle, passer telle un fantôme dans la chaîne. Brillant tout simplement.

Every You, Every Me reprend la structure répétitive et tubesque de “Pure Morning” avec autant de réussite, une belle montée en puissance de guitare/synthé sur la fin et un Brian Molko toujours aussi inspiré dans ses paroles désabusées. Le petit déjeuner est prêt.

Petit Déjeuner sur « My Sweet Prince » ? Non merci. Voilà un morceau très difficile, où le chanteur déverse sa douleur sans se soucier un seul instant de son effet sur l’auditeur. Par la suite, Placebo le fera encore mais de manière consciente, calculée et forcément plus aseptisée. Ici, c’est du brut. L’instrumentation est minimaliste, la voix est au premier plan et les paroles font tout. Il faut être dans le bon état pour écouter sinon mieux vaut la passer. Avant que mon esprit qui rajoute inconsciemment deux s au titre ne retrouve complètement l’image de mes années de bonheur avec une personne aimée, c’est ce que je fais.

Je préfère regarder la neige tomber et laisser « Summer’s gone » m’accompagner dans ma rêverie dominicale. Peut être ma préférée sur cet album par son rythme lancinant, sa guitare planante et la ligne de chant de son refrain « You try to break the mole, before you get too old ». Un passage narré où la voix de Brian me fait penser à Corgan dans ses moments calmes achève de lui donner un charme indéniable. Le même que possède celui de ma groupie d’un soir, qui me fait doucement comprendre qu’il sera bientôt l’heure de se quitter. Peut être une dernière tartine ?

La tartine se mangera sur « Scared of girls », dernier brûlot de l’album avec une sauvagerie et une efficacité rythmique à couper le souffle. Nirvana n’est pas loin. Je me délecte de ces paroles qui définissent exactement l’homme que je suis devenu et que deviennent finalement tous ceux déçus par l’amour : « I’m a man a liar, guaranteed in your bed, I gotta place it on the rack, got a place inside it ».

Epuisé et vidé de toutes mes substances non illicites, je me dirige vers la porte quand retentit Burger Queen, ballade désenchantée où Stefan Olsdal troque sa basse pour une guitare rythmique tandis que Brian Molko fait sonner des arpèges touchés par la grâce. « Things aren’t what they seem ». Pourtant il semble bien que c’est là le terme de l’album et de ma relation éclair du week end. Je n’aurais pas le temps d’écouter l’instrumental caché « Evil Dildo » où Brian a samplé les menaces proférées sur son répondeur pour accompagner une furie musicale à deux basses qui, il faut l’avouer, n’a pas grand intérêt à la fin d’un tel album. Mais rien que pour entendre le batteur se lâcher, on ne boudera pas notre plaisir.

Moi mon plaisir est terminé, je retourne à ma vie normale d’homme stressé. Mais réécouter « Without You I’m Nothing » m’a néanmoins rappelé certaines choses qui avec le temps s’étaient embrumées dans mon esprit.

Sans cet album, Placebo n’est rien. Sans cet album, ma discographie n’est rien. Sans cet album, je ne suis rien.

Sans toi je ne suis rien

jeudi 20 novembre 2008

Le blues du Lascar


J'vis au pied de ces buildings miteux,
Qui sentent la pisse, les armes et la beuh.
Ce soir faut qu'je choppe de quoi bédave,
Sinon j'aurais envie de viol dans une cave.

Ici tu te dois d'être un pur BoGoss
Si tu veux pas finir comme un putain d'BoLoss.
Pour ça faut qu'tu connaisses le point G,
Histoire de briller dans ma belle société.

J'essaie de m'trouver des bonnes meufs,
En évitant de m'faire pécho par les keufs.
Tu sais celles qu'on voit dans les clips de rap,
Putes, soumises, avec presque pas de sapes.

Ils nous niquent bien avec leurs rêves à deux balles,
Moi j'ai qu'la téloche, forcément ça m'emballe,
Quand j'vois le p'tit là haut avec sa collec' de Rollex,
J'me dis qu'mon grand frère a raison de bosser dans le sexe.

Travailler? Vous nous faites chier avec ce gros mot,
Parce que tu crois qu'j'ai pas essayé gros?
Même avec la volonté t'as toujours un regard de travers,
Qui te rappelle qu' tu viens de plus bas que terre.

Alors j'suis pas con, j'fais comme mes potes,
On vole, on deale et on s'emporte,
Si jamais tu veux pas nous filer ton portable,
Tu risques de retrouver ta tête dans un cartable.

Toi qui r'gardes la Star Ac' avec des étoiles dans les yeux,
Moi j'en suis à ma cinquième bouteille de mauvais mousseux,
Péta la veille au Lidl du quartier,
Faut bien qu'ça serve de s'taper des caissières déprimées.

Wesh sale baltringue de bourgeois,
Tu crois qu' j'ai pas envie des mêmes trips que toi?
Toi tes parents te couvent encore comme un nouveau né,
Moi ils m'ont viré du nid à peine je tétais.

Mais si t'as un plan pour sortir de cette galère,
Sans passer par la zonzon et les cerbères,
Sans trahir le peu d'idéaux dans mon cœur de lascar,
Là mec, j'me remettrais peut être à y croire.

En attendant j'survis au pied de buildings miteux,
Qui sentent la pisse, les armes et la beuh.
Ce soir faut qu'je choppe de quoi bédave,
Sinon j'vais finir par me pendre dans une cave.

A lire avec l'accent

dimanche 16 novembre 2008

Carnets de route - La Route des vins


Episode 3 - Ô Goutchi

Soleil de braise sur vigne d'ocre
Les fumées matinales s'évaporent
Laissant place aux hameaux boisés
Qui resplendissent de grâce rurale.

Le clocher sonne midi, glas de la rosée matinale,
Les tavernes diffusent leurs fins fumets,
Conviant les voyageurs égarés et travailleurs acharnés,
A partager ce moment d'intimité frugale.

Ô Goutchi, lieu de gastronomie nouvelle,
Où la cuisine se déguste sur fond de transe douce,
Préparant le convive à une exquise ritournelle,
Et son palais à un tour de montagnes russes.

Ces saveurs aux parfums immortels,
De la sauce au cassis mirifique,
Au discret petit trait de vinaigre balsamique,
Me font décoller pour une après midi rebelle.

Soleil de braise sur vigne d'ocre,
Les carrés de la plaine à nouveau m'honorent;
Je quitte à regret ce hameau boisé,
Je me souviendrais de son accueil cabale.

jeudi 6 novembre 2008

Carnets de route - La Route des vins


Episode 2 - Le spleen du toboggan


Je foule le matelas de feuilles,
Pour écouter ce doux craquement,
Sous mes pas pressés par le temps,
Ennemi de la vie, ami des cercueils.


Le jardin d'enfants est vide,
Et son toboggan rouillé s'ennuie;
Lui qui s'était habitué aux rires avides,
Voilà que l'automne les précipite dans son puit!


Son ami le tourniquet s'est déjà tu,
Fatigué de la houle incessante mais innocente,
Que lui imposent ces têtes blondes bien pensantes;
Il se laisse enterrer par l'or vermeil des arbres déchus.


Je suis seul, pris dans cet ardent tourbillon
De couleurs; elles affectent mes visions
D'homme libre; obligé de souscrire,
Aux impératifs de cet empire.